Daniel Leduc
Entretien avec DANIEL LEDUC
par Estrella Cardona Gamio
castellano

Daniel Leduc est un écrivain français, né à Paris le 30 juillet 1950, poète et nouvelliste. Il a suivi des études supérieures de cinématographie et a collaboré à de nombreuses publications en tant que critique littéraire, musical ou cinématographique.

Une quarantaine de ses nouvelles ont été publiées tant en France qu’à l’étranger. Il a de même collaboré à diverses revues de poésie, et ses poèmes ont paru dans une trentaine d’anthologies françaises ou étrangères.

Ses textes ont était traduits dans de nombreuses langues et publiés dans une quinzaine de pays étrangers.

Il a également dirigé des ateliers d’écriture en collèges et lycées.

C’est un auteur sensible, intelligent et son oeuvre reste à découvrir en Espagne, omission dont nous sommes sûrs qu’elle sera bientôt réparée, puisqu’on parle là d’un excellent écrivain.

C. CARDONA GAMIO EDICIONES a le plaisir d’offrir à ses lecteurs cet entretien avec Daniel Leduc.

 

ESTRELLA CARDONA GAMIO: Vous écrivez précisément depuis l’âge de 16 ans ? Y avait-il des précédents familiaux ?

DANIEL LEDUC: Non. Personne, de près ou de loin, n’a été écrivain dans ma famille. J’ai découvert ma passion pour la poésie puis pour la littérature (au sens plus large) au collège. Le Surréalisme, notamment, a été un élément déclencheur ; le romantisme allemand aussi. Au lycée, un professeur de lettres au grand charisme a été également déterminant. C’est donc à l’age de 16 ans que j’ai senti de façon impérieuse que l’écriture serait comme la colonne vertébrale de mon existence.

ECG: Le début de votre vie littéraire a-t-il été très difficile?

DL: Ne connaissant personne dans les milieux littéraires – je veux dire personne pour me conseiller – j’ai effectivement le sentiment d’avoir tourner en rond pendant quelques temps. Diverses collaborations à des revues ont été possibles rapidement ; tandis que la publication de mon premier livre –La respiration du monde– est venue bien plus tard.

ECG: Sur votre site Web, j’ai lu un certain nombre de noms d’écrivains et de philosophes que vous affectionnez: Voltaire, Schopenhauer, Maupassant, Camus, Auster, entre autres… mais je n’y ai pas remarqué d’auteurs féminins, pourquoi?

DL: Ce n’est que par pur hasard si aucun nom féminin ne vous est apparu. Colette, Simone Weil, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar –et j’en oublie bien d’autres– font partie des auteurs que j’affectionne. Parmi les contemporaines, j’aime particulièrement l’écriture de Marie NDaye, de Mercedes Deambrosis, de Danielle Collobert (morte si jeune), de Vénus Khoury-Ghata ou de Marie-Claire Bancquart, par exemple.

ECG: Croyez-vous qu’il existe une littérature féminine, et une autre masculine?

DL: Non. Je refuse le concept de "littérature féminine", concept que je trouve pour le moins réducteur et cloisonnant. Une œuvre existe en tant que telle ; elle nous porte, nous touche, nous irrite ou nous lasse, c’est selon ; que l’auteur soit une femme ou un homme me paraît être secondaire excepté bien sûr lorsqu’il s’agit de prise de position féministe ou que l’auteur affiche son sexe comme déterminant.

ECG: Avez-vous une opinion sur notre philosophe María Zambrano?

DL: Je connais Maria Zambrano comme ayant été amie avec Camus et René Char (l’un des poètes qui m’a marqué le plus). Mais j’avoue ne pas avoir lu son œuvre. Je vous promets de combler cette faille au plus vite.

ECG: Connaissez-vous la littérature espagnole contemporaine?

DL: Les derniers auteurs que j’ai lus, récemment, sont Enrique Vila-Matas, Jorge Semprun et Fernando Arrabal. Trois écrivains dont le seul point commun est qu’ils ont vécu à Paris plus ou moins longtemps. Trois écrivains à la forte personnalité et à l’écriture bien marquée, comme je l’aime. Tous trois m’ont "secoué", de différentes manières certes, mais "remué" vraiment.

ECG: Bien que votre oeuvre soit diffusée sur Internet, et que vous ayez publié une quinzaine de livres, traduits dans plusieurs langues, votre littérature n’arrive pas encore en Espagne. Avez-vous quelques projets dans ce sens?

DL: J’espère bien que certains de mes ouvrages seront un jour traduits en espagnol. C’est un de mes vœux les plus chers.

ECG: J’ai lu des extraits de votre littérature par le biais d’Internet, et je trouve que vous avez un style très personnel, c’est-à-dire éloigné des modes actuelles, poétique dans la prose, simple et beau. Quel auteur vous a influencé tout particulièrement ?

DL: Mes influences sont multiples, voire contradictoires, comme peut l’être l’existence même. Je ne puis citer un nom en particulier. D’autant que la musique, la peinture, le cinéma, etc. ont également nourri mon écriture. Ce qui est certain, c’est que j’ignore les modes, non par mépris, mais parce qu’elles ne sont représentatives que de courts instants dans de courts espaces.

ECG: Vous écrivez des livres pour la jeunesse. Cela constitue-t-il une nouvelle étape dans votre production littéraire ?

Dl: Oui. Longtemps je n’ai écrit que de la poésie. A présent je me tourne vers la prose: nouvelles, roman, théâtre et littérature jeunesse – voilà les genres qui m’attirent et que je souhaite explorer. Un conte en édition bilingue français-arabe va prochainement paraître aux Editions L’Harmattan. Et je suis en train d’en écrire d’autres.

ECG: Quel est votre avis concernant les classiques français  de littérature jeunesse tels que Perrault, D’Aulnoy, Leprince de Beaumont, ou autres? 

Dl: Bien entendu les contes de Perrault ont bercé mon enfance, je les trouve remarquables. Cependant j’ai une préférence pour les contes des frères Grimm, plus littéraires, marqués par le romantisme allemand.

ECG: Et au sujet d’Harry Potter?

DL: Harry Potter est une grande réussite dans le genre. Je suis persuadé que l’œuvre de Joanne Rowling laissera la même empreinte que celle de Jules Verne, par exemple.

ECG: Vous avez dirigé des ateliers d’écriture. Quel est le premier conseil que vous donneriez à des amateurs, sachant que la profession n’est pas facile ?

DL: Lire, lire, lire. Voilà mon conseil. Pour le reste, être attentif à tout, avoir l’esprit et les yeux grand ouverts, s’intéresser aux autres, savoir écouter.

ECG: Finalement, si vous deviez vivre une seconde fois, seriez-vous de nouveau écrivain, c’est-à-dire un intellectuel?

DL: Oui, je serais de nouveau écrivain. Même si je pense qu’il est plus utile d’être pompier ou médecin. L’écriture est une maladie incurable, savez-vous?

ECG: J’en suis convaincue!

 


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